1. MENINGITE BACTERIENNE
  1. Présentation
  2.  Neisseria meningitidis, Haemophilus influenzae type b (Hib), et Streptococcus pneumoniae sont responsables de la majorité de tous les cas de méningite bactérienne et de 90 % des méningites bactériennes chez les enfants.
  3.  La méningite à méningocoques est la principale forme de méningite bactérienne responsable d’épidémies. Elle reste un défi de santé publique majeur dans la ceinture africaine de la méningite, zone géographique s’étendant du Sénégal à l’Éthiopie. Dans ces pays, d’importantes flambées épidémiques peuvent se déclarer pendant la saison sèche (de novembre à mai). En dehors de la ceinture de la méningite, de petites épidémies peuvent se déclarer toute l’année.
  4.  Les épidémies dans la ceinture de la méningite étaient traditionnellement associées au sérogroupe A de Neisseria meningitidis avant l’introduction du vaccin conjugué contre le méningocoque A (MenAfriVac) dans les pays de la ceinture de la méningite dès 2010. Le vaccin conjugué contre le méningocoque A est immunogène chez les nourrissons et les adultes et confère une protection à long terme. Ce vaccin a considérablement réduit la circulation du méningocoque A et éliminé les épidémies de méningite causée par ce méningocoque.
  5.  Des épidémies imputables à d’autres sérogroupes continuent de se produire : depuis 2013, des épidémies majeures dues au méningocoque du sérogroupe C sont survenues au Nigéria et au Niger. De 2016 à 2018, des épidémies mixtes majeures de Neisseria meningitidis de sérogroupe W et de Streptococcus pneumoniae ont été signalées au Ghana. En 2016 et en 2017, le Togo a signalé des épidémies liées au méningocoque de sérogroupe W. En outre, en 2006, le Burkina et le Niger ont signalé une épidémie due méningocoque de sérogroupe X.
  6.  La maladie se transmet par voie aérienne d’une personne à l’autre par de grosses gouttelettes de sécrétions rhinopharyngées d’individus infectés.
  7.  La période d’incubation dure de deux à dix jours.
  8.  Les taux d’attaque les plus élevés sont observés chez les enfants de moins de 15 ans. Les taux de létalité sont généralement compris entre 8 et 15 % chez les malades traités, et supérieurs à 70 % en l’absence de traitement. De nombreux survivants garderont des séquelles à long terme, notamment des retards mentaux, la perte de l’ouïe et de paralysie des membres.
  9.  La ceftriaxone est le médicament de choix pour le traitement de la méningite lors des épidémies, car elle est efficace contre les agents pathogènes prédominants de la maladie. En outre, la résistance antimicrobienne à la ceftriaxone n’a pas encore été détectée en Afrique.
  10.  Lors d’épidémies dans la ceinture de la méningite, l’antibioprophylaxie n’est pas recommandée.
  11.  La riposte actuelle aux épidémies de méningite consiste à organiser des campagnes réactives de vaccination de masse avec les vaccins polysaccharidiques bivalent (A et C) ou trivalent/quadrivalent (A, C, W/A, C, Y W), dès que possible après la déclaration de l’épidémie. Ces vaccins polysaccharidiques ne protègent pas les très jeunes enfants (moins de deux ans) et n’offrent qu’une protection sur trois ans.

 

  1. But de la surveillance
  2.  Détecter rapidement les épidémies de méningite et confirmer leur étiologie.
  3.  Exploiter les données de surveillance pour organiser les approvisionnements en vaccins et médicaments, et prendre des mesures supplémentaires de prévention et de lutte.
  4.  Évaluer et suivre la propagation et l’évolution de l’épidémie, ainsi que l’efficacité des mesures de lutte.
  5.  Surveiller la situation pendant toute l’année, notamment les changements de sérogroupes.
  6.  Suivre la sensibilité aux antibiotiques.

 

  1. Définition standard de cas de Méningite bactérienne

Cas suspect : Toute personne présentant une forte fièvre d’apparition brutale (température rectale >38,5ºC ou axillaire >38,0ºC) et l’un des signes suivants : raideur de la nuque, altérations de la conscience ou autres signes méningés, y compris un bombement de la fontanelle chez les nourrissons.

Cas probable : Tout cas suspect présentant un liquide céphalorachidien (LCR) trouble ou purulent à l’examen macroscopique ; ou présentant un nombre de leucocytes dans le LCR > 10 cellules/mm3 ou avec des bactéries identifiées par une coloration de Gram dans le LCR ; ou détection de l’antigène (par exemple, par test d’agglutination au latex) dans le LCR.

Chez les nourrissons : numération des leucocytes >100 cellules/mm3 dans le LCR ; ou numération des leucocytes compris entre 10 et 100 cellules/mm3 dans le LCR : taux de protéine élevé (>100 mg/dl) ou taux de glucose réduit (<40 mg/dl).

Cas confirmé : Tout Cas suspect ou probable confirmé en laboratoire par la culture ou l’identification (notamment par amplification génique) d’un agent pathogène bactérien (Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae de type b) dans le LCR ou dans le sang.

  1. Confirmation en laboratoire
  1. Tests diagnostiques

Examen microscopique du LCR pour la présence de diplocoques Gram négatif Culture et isolement de N. meningitidis Streptococcus pneumoniae, et Haemophilus influenzae de type b à partir du LCR ou du sang

RT-PCR (laboratoire national de référence)

  1. Prélèvements

Liquide céphalorachidien

Remarque : le LCR est le prélèvement de choix pour la mise en culture et l’examen microscopique de N. meningitidis. S’il ne peut être prélevé, faire un prélèvement de sang (10 ml chez les adultes, 1 à 5 ml chez les enfants) pour la mise en culture.

  1. Quand réaliser les prélèvements

Faire des prélèvements chez 5 à 10 cas, une fois que le seuil d’alerte ou épidémique est atteint (voir « Méningite », Section 8.0).

  1. Résultats

Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae, et Haemophilus influenzae b. sont des microorganismes délicats dont l’isolement est coûteux et difficile. Ils exigent d’excellentes techniques de prélèvement et de traitement des échantillons, ainsi que des milieux et des antisérums onéreux.

Il faut faire le sérotypage et l’antibiogramme des isolats de N. meningitidis ou Méningocoques des premiers prélèvements de cas sporadiques ou liés à une épidémie, pour déterminer le traitement approprié.

Le milieu Trans-Isolate est stable. Il peut être conservé à 4 ºC pendant deux ans après sa préparation. À 4 °C, la phase liquide prend un aspect gélatineux, mais se reliquéfie à température ambiante. Les flacons de Trans-Isolate non utilisés doivent être hermétiquement fermés. Ne pas utiliser si le milieu liquide change de teinte (jaunissement ou opacification) ou si le milieu sur gélose sèche ou se rétracte.

  1. Références
  2.  Organisation mondiale de la Santé. Contrôle des épidémies de méningite en Afrique Guide de référence rapide à l’intention des autorités sanitaires et des soignants (révisé en 2015) WHO/HSE/GAR/ERI/2010.4. Rev.1
  3.  Relevé épidémiologique hebdomadaire n° 51/52, 577-588, 19 décembre 2014 (http://www.who.int/wer)
  4.  Meningitis outbreak response in sub-Saharan Africa. WHO guideline, WHO/HSE/PED/CED/14.5
  5.  Organisation mondiale de la Santé. Procédures opérationnelles standard pour la surveillance, la préparation et la riposte aux épidémies de méningite en Afrique, document OMS. OMS-AFRO/FRH. Brazzaville, octobre 2018.
  6.  Organisation mondiale de la Santé. Techniques de laboratoire pour le diagnostic des méningites à Neisseria meningitidis, Streptococcus pneumoniae et Haemophilus influenzae. document OMS WHO/CDS/EDC/99.7. Genève.
  7.  Meningitis outbreak response in sub-Saharan Africa. WHO guideline, WHO/HSE/PED/CED/14.5
  8.  Relevé épidémiologique hebdomadaire n° 51/52, 577-588, 19 décembre 2014 (http://www.who.int/wer)
  9.  Organisation mondiale de la Santé. Procédures opérationnelles standard pour la surveillance, la préparation et la riposte aux épidémies de méningite en Afrique, document OMS. OMS-AFRO/FRH. Brazzaville, octobre 2018.
  10.  Organisation mondiale de la Santé. Contrôle des épidémies de méningite en Afrique Guide de référence rapide à l’intention des autorités sanitaires et des soignants (révisé en 2015) WHO/HSE/GAR/ERI/2010.4. Rev.1
  11.  Organisation mondiale de la Santé. Procédures opérationnelles standard pour la surveillance, la préparation et la riposte aux épidémies de méningite en Afrique, document OMS. OMS-AFRO/FRH. Brazzaville, octobre 2018.