1. HEPATITE VIRALE AIGUË ET CHRONIQUE
  1. Présentation

Hépatite virale A et hépatite virale E

  •  Les virus entériques des hépatites A et E sont un problème de santé publique dans le monde entier.
  •  Des sources fréquentes d’épidémie ont été associées à l’eau contaminée et à une contamination par le biais de personnes infectées manipulant les aliments.
  • Les hépatites A et E sont généralement des infections virales auto-limitantes, dont le taux de létalité est faible (0,1 à 0,3 %). Le risque d’hépatite E fulminante est particulièrement élevé chez les femmes au troisième trimestre de la grossesse.
  • Les virus de l’hépatite A et E sont tous deux transmis par voie oro-fécale.
  • Les mesures de prévention et de lutte contre les hépatites A et E consistent à assurer l’approvisionnement adéquat en eau potable et à améliorer les pratiques sanitaires et les mesures d’hygiène pour éliminer la contamination fécale de l’eau et des aliments.

Hépatite virale B et hépatite virale C

  •  Selon des estimations, 257 millions de personnes sont porteuses du virus de l’hépatite B et 71 millions du virus de l’hépatite C, dans le monde.
  •  Les hépatites aiguës B et C peuvent être anictériques et donc non reconnues, mais les flambées aiguës sont rares.
  •  On observe une infection chronique et de graves séquelles pour l’hépatite B – on estime que 15 % à 25 % des personnes souffrant d’une infection chronique meurent prématurément d’une cirrhose ou d’un carcinome hépatocellulaire. L’infection chronique est également fréquente dans l’hépatite C – 5 % à 20 % des patients infectés par le virus de l’hépatite C risquent de développer une cirrhose. Le risque de carcinome hépatocellulaire chez les personnes atteintes de cirrhose occasionnée par l’hépatite C est de 2 à 4 % par an.
  •  L’hépatite B se transmet par exposition percutanée et permuqueuse au sang et autres liquides biologiques infectés. Dans la plupart des pays de forte endémie pour le virus de l’hépatite B, les infections surviennent le plus souvent chez le nourrisson et le jeune enfant, ou par transmission périnatale de la mère à l’enfant. D’autres principaux modes de transmission comprennent l’exposition nosocomiale (transfusions, pratiques d’injection non sécurisées), le partage d’aiguilles et de seringues chez les toxicomanes, le partage d’articles personnels dans le foyer (utilisation commune de rasoirs et de brosses à dents, par exemple) et les rapports sexuels avec une personne infectée.
  •  L’hépatite C se transmet par exposition parentérale au sang ou aux dérivés plasmatiques. Les plus fortes concentrations de virus sont détectées dans le sang. Dans le monde, les principales causes d’infection par le virus de l’hépatite C sont liées aux transfusions de sang non contrôlé et à la réutilisation d’aiguilles et de seringues mal stérilisées.
  •  Les mesures de prévention et de lutte contre les hépatites B et C reposent sur la sécurité des transfusions et des injections, et sur la vaccination (hépatite B). Le dépistage et le traitement précoce constituent des modes efficaces de prévention secondaire.
  •  Pour s’attaquer à la charge croissante des hépatites virales, les États Membres de la Région africaine ont adopté en 2016 le document intitulé « Prévention, soins et traitement de l’hépatite virale dans la Région africaine : cadre d’action 2016-2020 ».

Il n’existe pas de traitement spécifique des hépatites virales aiguës.

  1. But de la surveillance

Hépatite virale aiguë

  •  Détecter les épidémies d’hépatite.
  •  Identifier les zones géographiques ou les populations à risque afin de cibler les mesures de prévention et de lutte.
  •  Estimer la charge de morbidité.
  •  S’il n’est pas possible d’assurer une surveillance dans tout le pays, la surveillance de zones géographiques ou d’hôpitaux sentinelles peut apporter des informations utiles concernant les sources potentielles d’infection.

Hépatite virale chronique

  •  Estimer le fardeau de l’hépatite virale B et C chronique.
  •  Mesurer l’impact des mesures de lutte et de traitement sur la réduction de la mortalité. À cet effet, des données relatives aux personnes atteintes d’un carcinome hépatocellulaire ou d’une cirrhose sont recueillies.

 

  1. Définitions de cas d’hépatites virales

I) Hépatite virale aiguë

  • Cas suspect: toute personne souffrant d’une maladie aiguë avec apparition discrète et présentant des signes ou des symptômes :

a) de maladie infectieuse aiguë (fièvre, malaise, fatigue, par exemple) et de dommages au foie (anorexie, nausées, jaunisse, urines foncées, sensibilité du quadrant supérieur droit), ET/OU

Une augmentation du taux d’alanine aminotransférase (ALT) supérieure à dix fois la limite supérieure des valeurs normales.

  •  Cas confirmé : Cas suspectconfirmé en laboratoire par des biomarqueurs spécifiques au virus :
  •  Hépatite A aiguë : détection de l’IgM anti-VHA ou de l’ARN du virus de l’hépatite A.
  •  Hépatite B aiguë : détection de l’antigène de surface du virus de l’hépatite B (HBsAg) ET présence de l’antigène core du virus de l’hépatite B (anti-HBc) classe IgM, détection de l’ADN du virus de l’hépatite B.
  •  Hépatite C aiguë : présence de l’ARN du virus de l’hépatite C (charge virale), présence de l’antigène core du virus de l’hépatite C (si disponible) et détection d’IgM anti-VHC. Absence de marqueurs de l’hépatite A aiguë (IgM anti-VHA) et de l’hépatite E (IgM anti-VHE).
  • Hépatite D aiguë : détection d’antigène HBsAg (ou présence d’IgM anti-HBc) et présence d’anticorps anti-VHD (habituellement l’IgM), et détection de l’ARN du virus de l’hépatite virale D (l’infection par le VHD survient SEULEMENT en tant qu’infection ou surinfection de l’hépatite B).
  • Hépatite E aiguë : présence d’IgM anti-HEV.

 

II) Définitions de cas d’hépatite virale chronique (VHB et VHC)

Hépatite B chronique

  • La persistance de l’antigène HbsAg pendant plus de 6 mois après l’infection aiguë indique une infection chronique par le virus de l’hépatite B.
  •  Recherche positive d’antigène HBsAg et d’anticorps anti-HBc (habituellement IgG) chez les personnes asymptomatiques ou les patients atteints d’une maladie hépatique chronique et/ou d’une tumeur hépatique indique une infection chronique par le virus de l’hépatite B.

Hépatite C chronique

  •  Recherche positive de l’ARN du virus de l’hépatite C chez une personne présentant des anticorps anti-VHC (habituellement IgG).
  • Présence de l’ARN du virus de l’hépatite C OU recherche positive de l’antigène core du virus de l’hépatite C.

N.B. : la détection d’anticorps (présence d’anticorps anti-VHC) ne permet pas de faire la différence entre une infection aiguë, une infection chronique et une infection antérieure.

  1. Confirmation en laboratoire
  1. Tests diagnostiques

Hépatite A : recherche positive d’IgM anti-VHA

Hépatite B : recherche positive des antigènes de surface du VHB (HbsAg) ou des IgM anti-HBc

Hépatite C : recherche positive d’anticorps anti-VHC

Hépatite D : recherche positive des Ag HBs (ou des IgM anti-HBc) plus recherche positive des anticorps anti-VHD (seulement s’il y a co-infection ou surinfection de l’hépatite B)

Hépatite E : recherche positive des IgM anti-VHE et/ou des IgG anti-VHE

  1. Prélèvements

Sang total, sérum ou selles (pour les virus des hépatites A et E)

  1. Quand réaliser les prélèvements

Effectuer des prélèvements chez le cas suspect.

Les IgM anti-VHA sont décelables 5 à 10 jours après l’exposition.

Les AgHBs sont détectables dans le sérum plusieurs semaines avant l’apparition des symptômes, et des jours, des semaines ou des mois après. Ils persistent lors des infections chroniques. Les IgM anti-HBc disparaissent généralement au bout de six mois.

  1. Résultats

Les résultats sont généralement disponibles un à trois jours après réception des prélèvements par le laboratoire.

  1. Références
  2.  Stratégies recommandées par l’OMS contre les maladies transmissibles – prévention et lutte ; WHO/CDS/CPE/SMT/2001.13
  3.  Normes recommandées par l’OMS pour la surveillance WHO/CDS/CSR/ISR/99.2
  4.  OMS Aide-mémoire No 328, Hépatite A, révisé en mai 2008. OMS Aide-mémoire No 204, Hépatite B, révisé en août
  5.  OMS Aide-mémoire no 204, Hépatite B, révisé en août
  6.  OMS Aide-mémoire no 2008 164, Hépatite C.
  7.  OMS Aide-mémoire no 280, Hépatite E, révisé en janvier 2005.
  8.  Organisation mondiale de la Santé https://www.who.int/topics/hepatitis/fr/
  9.  Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis http://www.cdc.gov/hepatitis/
  10.  Control of Communicable Diseases Manual, 18e édition
  11.  Organisation mondiale de la Santé. Lignes directrices pour la prévention, les soins et le traitement en faveur des personnes atteintes d’une infection à hépatite B chronique. Genève, mars 2015
  12.  Organisation mondiale de la Santé. Lignes directrices pour le dépistage, les soins et le traitement des personnes ayant une infection chronique avec le virus de l’hépatite C. Genève, avril 2016
  13.  Rapport mondial de l’OMS sur l’hépatite, 2017
  14.  WHO Guidelines on hepatitis B and C testing, February 2017