1.    Présentation

     Maladie aiguë, caractérisée par des diarrhées liquides profuses, provoquée par les sérogroupes O1 ou O139 de Vibrio cholerae. La maladie est transmise essentiellement par voie oro-fécale, en consommant de l’eau ou des aliments contaminés.

     Le choléra provoque chaque année plus de 100 000 décès. Il peut être à l’origine d’épidémies d’évolution rapide ou de pandémies. Dans les régions d’endémie, surviennent parfois des cas sporadiques (moins de 5 % de tous les cas de diarrhée non liés aux épidémies) et de petites épidémies.

     La période d’incubation peut varier de quelques heures à cinq jours ; elle dure généralement deux à trois jours.

     Depuis le milieu des années 1980, on observe une résurgence du choléra en Afrique, où l’on comptait 80 % du total mondial des cas de choléra en 1999. La plupart des cas se déclarent entre janvier et avril. En 2016, 38 pays dans le monde ont signalé un total de 132 121 cas. Parmi les cas signalés dans le monde, 54 % provenaient d’Afrique, 13 % d’Asie et 32 % d’Hispaniola. Des cas importés ont été signalés dans neuf pays.

     Le choléra peut provoquer une déshydratation grave en quelques heures seulement. Chez les patients non traités souffrant d’une grave déshydratation, le taux de létalité peut dépasser les 50 %. Ce taux est inférieur à 1 % quand les malades viennent consulter les services de santé et reçoivent un traitement approprié. Au moins 90 % des cas de choléra sont bénins et ne sont pas diagnostiqués.

     Facteurs de risque : consommation d’eau ou d’aliments contaminés tels que les produits de la mer et les fruits de mer crus, pêchés dans les embouchures ; manque d’accès permanent à l’eau potable et à des aliments sains ; participation à de grands rassemblements tels que les cérémonies de mariage ou les enterrements ; contact avec des personnes décédées du choléra.

     D’autres diarrhées entériques peuvent provoquer des diarrhées liquides, surtout chez les enfants de moins de cinq ans. Voir le récapitulatif des directives relatives aux Diarrhées accompagnées de déshydratation.

2.    But de la surveillance

     Détecter et répondre rapidement et correctement aux cas et aux flambées épidémiques de diarrhée liquide. Pour confirmer une épidémie, prélever des échantillons de selles et les transporter en milieu Cary-Blair.

     Notifier immédiatement les cas et les décès au cas par cas, dès qu’une épidémie est suspectée.


3.    Définition standard de cas

Cas suspect: dans les zones où une épidémie de choléra n’a pas été déclarée : Tout patient âgé de deux ans et plus présentant une diarrhée aqueuse aiguë et une déshydratation sévère, ou mourant d’une diarrhée aqueuse aiguë.

Dans les zones où une épidémie de choléra est déclarée : toute personne présentant ou mourant d’une diarrhée aqueuse aiguë.

Cas confirmé : un Cas suspectà Vibrio cholerae de souche O1 ou O139 confirmé par culture ou par amplification génique et, dans les pays où le choléra n’est pas présent ou a été éliminé, la souche O1 ou O139 de Vibrio cholerae est toxigène.

4.    CONFIRMATION EN LABORATOIRE

a.    Tests diagnostiques : Isoler V. cholerae à partir d’une coproculture et déterminer s’il s’agit du sérogroupe O1 à l’aide d’un antisérum polyvalent pour V. cholerae O1. Confirmer l’identification avec les antisérums Inaba et Ogawa.

Si l’échantillon n’est pas sérotypable, envisager V. cholerae O139 (voir note dans la colonne Résultats).

b.    Prélèvements 

Selles liquides ou écouvillonnage rectal.

c.    Quand réaliser les prélèvements

Pour chaque nouvelle zone géographique affectée par une épidémie de choléra, la confirmation en laboratoire est nécessaire. Prélever un échantillon de selles du premier Cas suspect de choléra. S’il y a plus d’un cas suspect, faire des prélèvements jusqu’à l’obtention d’échantillons de 5 à 10 cas. Prélever des échantillons chez les patients correspondant à la définition de cas et dont les symptômes se sont manifestés dans les cinq derniers jours, et avant administration d’un traitement antibiotique.

Ne pas retarder le traitement des patients souffrant de déshydratation. Les échantillons de selles peuvent être prélevés après le début du traitement de réhydratation (sels de réhydratation orale ou perfusion).

Si possible, faire des prélèvements chez 5 à 10 cas suspects, toutes les 1 à 2 semaines, afin de suivre l’évolution de l’épidémie, les changements de sérogroupes et les profils de sensibilité de V. cholerae aux antibiotiques.

d.    Résultats : tests diagnostiques pour le choléra en laboratoire

     Les laboratoires ne peuvent pas tous réaliser les tests diagnostiques pour le choléra.

     Les résultats de la coproculture sont obtenus entre deux et quatre jours après réception de l’échantillon au laboratoire.

     Le milieu de transport Cary-Blair est stable et peut être utilisé pendant au moins un an après sa date de préparation. Il ne nécessite pas de réfrigération, s’il est conservé de façon stérile dans des récipients hermétiquement fermés. Toutefois, il ne faut pas l’utiliser s’il change de teinte (vire au jaune) ou s’il diminue de volume (ménisque concave).

     Le sérogroupe O139 n’a pas été signalé en Afrique et a seulement été notifié dans quelques endroits d’Asie du Sud-ouest.

La détermination des sérotypes Ogawa ou Inaba n’est pas nécessaire sur le plan clinique. Elle n’est pas non plus nécessaire si les résultats obtenus avec des sérums polyvalents sont clairement positifs.

5.    Références

     Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra. Ending Cholera. A Global Roadmap to 2030. Date de publication : 3 octobre 2017

    Organisation mondiale de la Santé. Management of the patient with cholera. Genève, 1992. WHO/CDD/SER/91.15 Rev1.

     Organisation mondiale de la Santé. Préparation et réponse aux épidémies de maladies diarrhéiques : formation et pratique. Guide du modérateur et manuel du participant. Genève, 1997. WHO/EMC/DIS/97.3 et WHO/EMC/DIS/97.4

     Méthodes de laboratoire pour le diagnostic de la dysenterie épidémique et du choléra. CDC/OMS, 1999 CDC, Atlanta, GA, États-Unis